Lithographie de Rollon, premier duc de Normandie
Premier comte de Normandie, Rollon a suscité bien des controverses. Originaire du Danemark ou de Norvège, son histoire nous est connue par le biais de Dudon de Saint-Quentin, chroniqueur normand du XIe siècle.
Contraint à l’exil pour cause de pillages, Rollon, également nommé Rou, ou Robert Ier le Riche après son baptême, prend la tête d’une armée de Vikings.
« […] les Danois et leur duc Rollon livrèrent leurs voiles au vent, et abandonnant le fleuve de l’Escaut pour naviguer à travers la mer, l’an 876 de l’Incarnation du Seigneur, ils entrèrent dans les eaux de la Seine, poussés par un vent favorable, arrivèrent à Jumiège, […]. […] Francon, archevêque de Rouen, ayant appris leur arrivée, voyant les murailles de la ville renversées par eux, avec une férocité ennemie, et n’attendant aucun secours qui pût leur résister, jugea qu’il serait plus avantageux de leur demander la paix que de les provoquer par une démarche quelconque à compléter la ruine de la ville. » (Guillaume de Jumièges, Histoire des Normands, des origines jusqu’à l’année 1137, Rome, 2007, Livre second, chapitre IX, p.52 et 53.)
Il participe à de nombreux raids ainsi qu’au siège de Paris en 885-886 et celui de Bayeux de 886 à 890, qui l’oppose alors aux Bretons.
Il quitte vraisemblablement la Normandie pour se rendre en Angleterre, avant de revenir et de signer un pacte avec l’archevêque de Rouen :
« Or le roi Charles ayant appris que Rollon était de retour du pays des Anglais, après avoir heureusement accompli son expédition, lui envoya Francon, archevêque de Rouen, pour lui demander de s’abstenir de faire du mal aux Francs et de lui accorder une trêve de trois mois. » (Guillaume de Jumièges, p. 60-61).
Cependant, en 911, une fois la trêve passée, il reprend le siège de Paris, en vain et s’attaque alors à Chartres. Il est défait par l’alliance de Robert, marquis de Neustrie, d’Ebles Manzer, comte de Poitiers et de Richard de Bourgogne. Malgré cette victoire sur Rollon et ses troupes normandes, Charles le Simple souhaite négocier avec eux.
En effet, le statut de Rollon est particulier et l’impose aux yeux du roi comme le seul chef légitime pour les Normands.
Depuis plusieurs décennies, Rollon est connu par les différents raids entrepris et par ses rencontres avec Francon, archevêque de Rouen.
L’épisode du siège de Chartres lui a permis de s’affirmer, malgré la défaite, devant les princes.
La négociation aboutit au traité de Saint-Clair-sur-Epte, qui confère à Rollon un territoire entre la Seine et la Bretagne, genèse du duché de Normandie, en échange d’une protection et d’une défense de la côte face aux assauts vikings. Il accepte également d’être baptisé, prenant comme nom de baptême Robert, en référence à son parrain, Robert, marquis de Neustrie. Il obtient également la main de Gisla, fille de Charles le Simple, qui mourra sans lui donner d’héritier.
Ainsi Rollon devint le jarl des Normands, c’est-à-dire l’équivalent d’un prince et comte de Rouen.
Il gouverne son territoire en faisant respecter les lois et en rétablissant la paix. Ses excellents rapports avec l’archevêque de Rouen lui permettent par ailleurs de rétablir la vie monastique.
La fin de son règne laisse également place aux suppositions : meurt-il lors du siège d’Eu ou abdique-t-il en faveur de son fils ? Les sources historiques ne permettent pas d’affirmer l’une ou l’autre thèse. En 927, son fils, né de son premier mariage, Guillaume lui succède, et prend alors le nom de Guillaume Longue-Epée.
Pour plus de détails :
Guillaume de Jumièges, Histoire des Normands, des origines jusqu’ à l’année 1137, éditions Paleo, Rome, 2007
Pierre Bauduin, La première Normandie (X-XIe siècles) : sur les frontières de la Haute-Normandie : identité et construction d’une principauté, Presse Universitaire de Caen, Caen, 2nde édition, 2006.
- Date
19éme siècle
- Institution
Archives départementales de Seine – Maritime
- Référence d'origine
74 Fi 6/6
- Période Chronologique
Moyen âge
- Thématique
Relations politiques et militaires
Rouen – Archives Départementales